Passion simple d'Annie Ernaux
Je n'ai pas attendu le Nobel pour acheter ce petit opuscule... 'Quelques mois auparavant, entendant comme souvent les soirs en rentrant du taf la voix de Laure Adler, la grande pretresse gauchiste du service public (non qu'elle était la seule gauchiste du petit milieu, mais vraiment une sorte de gourou culturel local...) toute émue à évoquer ce livre de ce qui visiblement elle considérait comme la quintescence de l'écrivain femme française, j'ai voulu voir ce qu'il en était...
Il m'aura fallu du temps... Le temps qu'Annie Ernaux devienne donc Nobel, je regardais donc le petit opuscule avec une gourmandise non dissimulée...
ça m'a fait l'effet d'un chamalow....
ça se lit vite et à la fin on se demande ce qu'on va bien pouvoir lire d'autre pour occuper sa journée, un truc consistant quoi....
Bon, essayons d'être juste, Annie Ernaux, en tout cas ce petit récit, ne mérite pas le tombereau de moqueries qu'on peut entendre de ci de là de l'autre côté de l'échiquier politique où elle a souhaité se positionner....
Ce que j'ai retenu de l'oeuvre, son écriture, rien d'extraordinaire, mais c'est quand même bien écrit, dans la littérature contemporaine, ce n'est pas si fréquent... Le fond est sans doute mince, mais pas non plus totalement anecdotique... C'est auto-biographique, il s'agit d'une passion de l'écrivain pour un étranger dont on sait qu'il vient de l'Est (mais dont il ne sera nullement fait mention qu'il fut rencontré à l'ambassade d'URSS....,), par une femme d'âge mure, ayant un fils jeune adulte, et dont la vie, pendant de longs mois, ne tiendra plus qu'à l'impatience de rencontres courtes dans son appartement l'attente de ce moment, l'attente du suivant, la totale non signification du reste du temps qui passe entre ces moments où ils ne sont pas ensemble...
Il s'agit de sexe, mais il n'y a rien de grivois, rien d'explicite, tout est dans la rencontre, charnelle, son attente, mais ce qui se passe pendant n'a pas d'importance, même si c'est uniquement pour cela que le reste de l'existence est vécu, rien d'autre.... La femme réduite à l'état de potiche chez un écrivain qui se dit féministe, c'est tout à fait étonnant.....
Reste qu'à la fin, on se demande ce qu'il y'a d'exceptionnel à cela... Rien... Ce n'est pas nul... Ce n'est pas insignifiant... C'est court... Hautement nombriliste.... Un récit de gare qu'on oubliera vite....Mais qui aura bien fait passer le temps du voyage....
Quelle mouche a donc piqué les Nobel? La même qui fait que sur la douzaine d'écrivains français récompensés au 20ème siècle, pas un n'est véritablement majeur, certains important certes (Mistral, Martin du Gard, St John Perse, Mauriac voire Simon), mais le trio sublime Proust, Céline, Giono totalement ignoré quand des écrivains dont on n'oserait plus ouvrir la moindre page ont été récompensés....
La routine suédoise en quelque sorte....
ça ne m'empêchera de continuer à explorer l'univers d'Ernaux, pour en avoir une vision plus complète... Mais je vais y aller à reculons...