Il y a une vingtaine d’années, Bourg-en-Bresse jouait en Pro A, mais personne ne comprenait vraiment comment ni pourquoi. On n’était pas une place forte du basket, on n’avait ni les infrastructures, ni les moyens, ni même la reconnaissance. On jouait dans un vieux gymnase de la rue Charles Robin, où il fallait poser des seaux au sol quand il pleuvait, espérer que le parquet ne gondole pas et prier pour que la magie opère. Notre salle ressemblait à un hangar, notre club tenait debout à la force des poignets, mais ce n’était pas grave : c’était chez nous.
Je me souviens des chants dans les tribunes, de cette ferveur un peu brute, un peu folle, qui ne dépendait ni des résultats ni du classement. Je me souviens du soir où toute la salle a scandé “On est les premiers !” après une victoire surprise contre Pau-Orthez. On savait qu’on ne le resterait pas longtemps, mais ce soir-là, c’était vrai. Et ça suffisait à faire vibrer toute une ville.
Et puis, il y a eu la descente. Le retour en Pro B. Et l’idée que ce n’était qu’un détour, qu’on allait vite remonter. Mais on s’est vite rendu compte que ce serait plus compliqué. On avait un bon budget, de belles ambitions, mais rien ne voulait prendre. Des coaches sont venus, des joueurs aussi, certains très talentueux, mais rien n’y faisait. Poitiers devenait notre bête noire, chaque année plus frustrante que la précédente.
Et puis, un jour, on a tourné une page. Une nouvelle salle, Ekinox, a vu le jour. On l’attendait depuis longtemps, elle a mis du temps à se faire une place dans le cœur de tout le monde. Certains regrettaient l’âme de Charles Robin, le bruit, la proximité, l’histoire. Mais cette salle était nécessaire. Elle a symbolisé un tournant, une ambition plus claire, une volonté de construire quelque chose de solide et durable. Elle nous a permis de nous structurer, de nous projeter, de devenir un vrai club professionnel dans toutes les dimensions du terme.
Depuis, tout n’a pas été simple. On est remontés, on est redescendus dans la foulée, on a connu des moments durs, des désillusions, des remises en question. Mais on ne s’est pas effondrés. On a appris. On a bossé. Et petit à petit, on est remontés. Pas en fanfare, pas à coup de millions, mais avec de la méthode, de la patience, du courage. On est passés de 12e à 10e, puis 8e, puis 5e, puis 4e. Pas à pas. Sans sauter d’étape.
Et aujourd’hui, on y est. On joue les premiers rôles. On est allés en finale d’Eurocup. On rivalise avec les meilleures équipes de France. Et ce qui est fou, c’est que plus personne ne s’en étonne. On ne parle plus de surprise, on parle de continuité. On ne nous regarde plus comme une exception, mais comme un modèle. Et quelque part, c’est la plus belle des reconnaissances.
Mais au fond, ce club n’est pas qu’une histoire de classement ou de performance. Ce club, c’est un bout des bressans. C’est le reflet de notre ville, de notre territoire. Une ville de taille modeste, entre Lyon et Genève, que peu savent situer mais qui porte fièrement ses couleurs. Ici, il n’y a pas de grandes fortunes pour injecter des millions, pas de grosses entreprises nationales qui viennent sponsoriser les maillots. Ici, on avance avec nos forces, notre créativité, notre capacité à faire plus avec moins.
Et quand je vois les images d’hier, cette communion entre les joueurs et le public, les larmes de Max Courby, les visages bouleversés, les chants, la fierté dans le regard des gens, je me dis que c’est ça, l’essence même de notre club. Ce lien-là, cette émotion-là, cette famille qu'est notre club.
Alors oui, on est une petite ville, un petit club, et on le restera peut-être toujours. Mais ce qu’on a construit ici, personne ne peut nous l’enlever. Aucun autre club ne peut comprendre les efforts, les contraintes et l’énergie qu’il a fallu pour en arriver là.
Et si Bourg-en-Bresse était autrefois une anomalie dans le basket français…
Aujourd’hui, on est devenus
une évidence.
Et ça, c’est peut-être notre plus belle victoire.
Merci de rendre fier les bressans (voir les plus éloignés).
L'appétit vient en mangeant. Ne nous en voulez pas d'en vouloir toujours un peu plus
