mieux, évidemment…et même bien en mai et octobre…
mais je ne suis jamais là en juillet-août, donc je ne peux qu’imaginer l’enfer que ça doit être en bord de mer…
et puis je ne suis pas en bord de mer…
et pour parler chaleur…:
Patrick Besson : « Lettre ouverte à la chaleur »
CHRONIQUE. Il fallait bien que Patrick Besson écrive son ode à la chaleur, sujet principal des conversations estivales, et pas seulement au salon de coiffure de la rue Lepic.
Par Patrick Besson
Publié le 23/08/2025 à 09:00
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Que n'ai-je entendu à ton sujet depuis que tu es revenue t'amuser aux dépens de la plupart des capitales européennes ! Je t'ai tout de suite reconnue, bien que tu aies changé de nom. Chaleur, c'était quand même plus joli que canicule, où il y a plusieurs syllabes inélégantes. La chaleur peut être humaine, pas la canicule. Contre toi, ces jours-ci, se déchaînent scientifiques, intellectuels, médecins, journalistes radio et télé. En impopularité, tu dépasses le président russe Vladimir Poutine, au regard pourtant glacial. J'ai passé plusieurs décennies sur cette planète et, chaque été, il y a eu des incendies de forêt, au point que je ne comprends pas qu'il y en ait encore, des forêts. On t'a souvent tenue pour responsable de ces feux, avec ton complice fantasque et imprévisible : le vent. Depuis quelques années, l'Europe fait connaissance avec une température invivable dans laquelle vit depuis toujours la moitié de l'humanité. Ils ont eu chaud, les Congolais qui ont fabriqué la première – et jusqu'à ce jour, unique – ligne de chemin de fer Brazzaville-Pointe-Noire. Ils furent plusieurs milliers, dont beaucoup sont morts à la tâche au soleil.
Je pense aux touristes qui, chaque année, se rendent en plein été dans des pays où on crève de chaud. Ils se ruent sur le Brésil bouillant, le Sénégal étouffant. Cette arrivée en Thaïlande où on se demande pourquoi l'aéroport Suvarnabhumi n'a pas mis la clim, jusqu'à ce qu'on se retrouve dehors, où on comprend qu'il y avait la clim. Avant l'invasion américaine de la Provence par les Murphy, Fitzgerald et Hemingway, juillet et août étaient la morte-saison. Les amoureux de la chaleur cachaient leur joie.
Short interdit
Ce qu'on te doit, chère chaleur, aujourd'hui canicule : l'abandon de l'alcool qui n'hydrate pas et la redécouverte de la limonade. Et des culottes courtes. J'appelle Catherine Couton-Mazet à Nice : dans quelles circonstances un homme peut-il porter un short en ville ? Réponse : aucune. Même par 40 degrés à l'ombre ? Elle s'énerve : à 50, 60, 70 degrés. Il y a ainsi des fanatiques du pantalon long. Me suis senti obligé d'avouer à Catherine que je n'ai pas tenu compte de ses diktats, et c'est en culotte courte que j'ai écrit cette chronique. Après m'être rendu à ma banque dans cette tenue. Mais je n'ai pas osé me présenter ainsi au salon de coiffure Alvarez de la rue Lepic. Les clientes avaient l'air si à l'aise dans leur jupe courte de tous les jours.
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Chez l'épicier indien de la même rue Lepic, j'ai acheté un ventilateur de poche. Il donne l'impression que quelqu'un au fond de l'appartement a laissé un vasistas ouvert. On se plaint de toi, et, quand tu auras quitté les lieux pour retrouver tes domiciles habituels, on se plaindra de ton départ, surtout si ton ennemi intime le froid est venu prendre ta place. Le météorologue n'est jamais content. Ou bien il fait trop chaud, ou bien il fait trop froid. La bonne température est impossible à trouver. Un peu comme dans les relations internationales.
La chronique de Patrick Besson